L'INCONNU DU TRAMWAY : ROMAIN

Interview retranscrite de l’excellent blog « l’inconnu du tramway »

Bonsoir à tous,

La semaine dernière il n’y a pas eu d’interview, je n’étais pas en vacances mais seulement en repos de blog j’avais besoin de dormir un peu plus longtemps … Et je suis allé en voiture au travail ! Oui, je sais j’ai fait mon flemmard haha ! Bref, je suis revenu hier mais un manque de motivation et quelques refus ont fait que je n’ai pas trouvé d’inconnu à vous présenter. Mais aujourd’hui tout allait mieux et j’ai donc rencontré mon inconnu du jour au terminus de la ligne 3. Il avait déjà entendu parler du blog et en plus il va jusqu’à Rezé, comme moi, donc on allait faire un long bout de chemin ensemble.

Je vous présente Romain, 25 ans.

Dans la vie Romain travaille dans le bâtiment :
« Je suis plus spécialement désamianteur, j’enlève l’amiante dans les usines, toitures, sols, etc … Si ça me plait ? Disons pour un mec comme moi sans diplôme qui a un peu galéré et qui a postulé un peu par hasard pour ce job, je dois bien avouer que j’y ai trouvé un intérêt et que je peux dire qu’aujourd’hui j’aime mon travail ! Ce qui me plait dans mon job ? Bon si tu enlèves le fait que cela reste un métier à risque parce que l’amiante c’est très dangereux et bien j’aime ce job parce qu’on ne s’ennuie pas on fait toujours des choses différentes : on désamiante bien évidemment, mais on peut aussi faire de la plomberie, un peu d’électricité, des structures en bois … on touche à tout et ça c’est super sympa. »

Je lui demande de me parler de son parcours scolaire, lui qui m’a dit n’avoir pas de diplôme :
« J’étais en BEP tourneur fraiseur, un BEP choisis un peu par hasard, un peu poussé par des profs qui me disaient qu’ils ne regarderaient pas trop mes notes et mes bulletins … Moi, le jeune un peu branleur au collège. Donc me voilà arrivé dans cette filière, ce que je ne savais pas c’est que je n’aimerai pas et comble de tout, je me suis gravement blessé à la main et qui m’empêcherait de terminer ce BEP. Me voilà avec des soucis de santé, et dans l’impossibilité de continuer mes études, j’ai bien essayé d’aller vers un BEP Sanitaire et Social mais ça n’a pas non plus fonctionné pas par choix mais mes problèmes de santé s’aggravant j’ai dû arrêter mes études. Après, quand tout allait mieux pour ma main j’ai cherché des petits boulots : saisons en camping, Mac Do et un jour j’ai postulé dans le désamiantage. Pourquoi ce job ? Ca paie bien ! » (rires)

Je lui demande de m’apprendre un truc sur son métier ?
« On utilise des SAS pour entrer et sortir, des sortes de SAS de décontamination. Pour sortir et enlever l’amiante que l’on a sur nos combinaisons on doit prendre 2 douches : La première douche on l’a prend tout habillé, après on se deshabille dans un SAS tout en gardant notre masque. Puis on reprend une douche nu mais avec le masque sur le visage et c’est seulement sous cette seconde douche que l’on peut enlever notre masque. Ce qu’il faut pour faire ce job ? Etre curieux, aimer apprendre, polyvalent et être PARFAIT dans les protocoles à respecter. Si ça ce trouve dans 30 ou 40 ans je saurai que j’ai mal respecter le protocole car j’aurai développé une maladie à cause de l’amiante. Donc chaque jour j’essaie d’être appliqué dans mon équipement et les process. »

Il aime les jeux vidéo – il vient de terminer The Last Of Us, passer du temps avec sa compagne, son chien, mater des séries sur Netflix et la NBA – il supporte l’équipe de BOSTON :
« Je suis un grand fan de Kevin GARNETT !! »

Il n’aime pas la routine et les faux culs.

Es-tu heureux aujourd’hui ?
« Oui ! Pourquoi ? J’ai fait mon taf, je pense du mieux que j’ai pu et ma journée s’est bien passée donc ouais ça roule pour moi : je n’ai pas à me plaindre. »

Une personne qui t’ marqué ou t’influence encore aujourd’hui ?
« Il y en a plusieurs comme mes parents et ma compagne. Mes parents parce que même si ce n’était pas toujours simple à la maison, qu’on était pas riche et bien ils se sont sacrifiés pour notre bonheur et je les en remercie. Ma compagne : Manon. Tout simplement parce que c’est grâce à elle si je suis là où j’en suis, elle m’a motivé pour que je me bouge le cul ! »

Le mot de la fin ?
« Pluie ! »

Merci Romain c’était sympa de discuter tout ce long trajet ensemble, c’est passé plus vite !

Au plaisir de se recroiser.

A.